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GALERIE DES FEMMES

ces lèvres d’un incarnat si vif !… Mais quels transports, quels hommages peuvent suffire à ce chef-d’œuvre de la nature, à cette gorge adorée !… Comme elle s’embellit encore sous mes baisers !… Comme la nuance délicate de ce frais bouton s’anime à leur chaleur féconde ! Oh ! mon Eulalie, si la parure vous met au premier rang des mortelles, chaque voile que l’Amour vous enlève vous place au rang des déesses ! » Cet éloge était une transition adroite pour en venir à de plus grandes témérités que médite le séducteur, et qui, toujours attentif au sein de l’ivresse, ne se dissimule pas qu’il n’a que les égarements de la tête à opposer aux droits de la pudeur. Dans ses premiers essais, il s’est déjà convaincu qu’il chercherait en vain à intéresser les sens à son triomphe : Eulalie n’en a point ; son cœur lui-même reste muet ; mais telle est en revanche la sensibilité de son amour-propre, que cette faculté chez elle est susceptible d’une espèce d’ivresse, et va dans ce moment jusqu’à lui faire soupçonner l’amour. Comment Eulalie résistera-t-elle aux