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GALERIE DES FEMMES

d’orgueil plus que d’amour, lit avec délices sur la figure de son amant la surprise et l’admiration qui s’y peignent. « Sacrilége Bélise, dit-il à demi-voix, quels attraits avez-vous osé calomnier ? — Êtes-vous bien sûr, reprit Eulalie avec toute la complaisance de l’amour-propre satisfait, qu’il n’y a pas là quelque élastique échafaudage ? — Oh ! non, tout est beauté, tout est nature, tout est ivresse !… Mais que mes yeux ajoutent à la conviction de tous mes sens ! » Il dit, et tous les voiles en un moment sont écartés. « L’admiration, continue-t-il, est un sentiment indigne de tant d’appas : c’est de l’adoration qu’ils méritent. Céleste Eulalie ! je déroge à tous mes principes en votre faveur, et je vous pardonne ; que dis-je ? j’approuve cet amour de vous-même que je vous ai si souvent reproché. Jetez les yeux sur cette glace (ils ne s’étaient pas encore portés ailleurs), examinez ce cou, dont l’azur nuance avec tant de grâce l’éblouissante blancheur ; voyez la tête charmante qu’il supporte, et ces yeux où brille pour la première fois le feu du sentiment, et