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GALERIE DES FEMMES

Eulalie s’est laisse conduire, et la voilà dans un fauteuil, en face du miroir mobile de sa toilette. Elle paraît plongée dans une rêverie profonde ; les mouvements de son sein semblent trahir l’émotion de son cœur ; sa main paraît couvrir ses yeux ; mais deux doigts officieusement écartés permettent de consulter la glace sur le mérite de l’attitude. Damis est à ses genoux, et couvre de baisers la jolie main qu’on lui abandonne ; le plus beau bras du monde devient bientôt l’objet d’un nouvel éloge. « Oh ! qu’Olinde, s’écrie-t-il, est loin d’avoir le bras aussi parfait ! » À cette exclamation, le cœur d’Eulalie tressaillit de plaisir, et par un mouvement sur la cause duquel il faut bien se garder de se méprendre, elle porte elle-même la main de Damis sur son sein palpitant. Restera-t-elle immobile sur cet autel de neige ? Ses doigts inquiets interrogent pli par pli la mousseline légère, et pénètrent insensiblement sous le peignoir, où bondit le marbre élastique d’une gorge admirable. L’œil furtivement attaché sur la glace, Eulalie, belle