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GALERIE DES FEMMES

quer votre talent en doute. — L’ironie est sanglante ; mais qui s’engage à dire la vérité ne doit pas craindre de déplaire : j’avoue pourtant qu’il faut un grand courage pour s’exposer à ce danger avec vous. — Passons, monsieur, passons. À cet égard, il y a longtemps que vos preuves sont faites. — Je sais donc que j’avais surpris, dans le regard que vous avez laissé tomber sur moi, je ne sais quelle crainte modeste dont tout autre pourrait être dupe ; mais j’ajoute que si votre coup d’œil a menti, pardonnez-moi l’expression, tout le temps qu’il s’est adressé à nous, il a du moins dit vrai en se reposant sur votre miroir. — Pour me faire dire la vérité, vous allez voir que vous me ferez dire quelque sottise. — Rien dont tout le monde ne convienne. En retrouvant votre image dans cette glace, vous vous êtes dit à vous-même : « Il faut avouer qu’il est difficile d’être plus jolie, de réunir plus d’éclat et de fraîcheur ; où trouve-t-on des yeux plus beaux, plus vifs, plus spirituels ? Ce fil d’ébène qui les couronne n’a-t-il pas été tracé de la main