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belle personne qui, pour sceller une réconciliation, sans doute, écrivait : « Je vous rends mon portrait ?… »

« L’examen de ces papiers fait vivement regretter que Beaumarchais n’ait pas donné suite au projet de raconter lui-même les singulières péripéties d’une existence mêlée à tous les événements de son temps. De tous les hommes fameux du xviiie siècle, il est celui dont la vie n’a été connue du public que par quelques pages assez vagues, semées çà et là dans des mémoires judiciaires dont la forme apologétique et les réticences obligées laissent incomplètement satisfaite la curiosité du lecteur en défiance. »

Il s’agit maintenant de conclure et il y a une exclamation de Jules Renard qui me revient en mémoire : « Ce que Beaumarchais a fait de mal, à la vérité, au théâtre ! » dit-il, et, en le répétant, j’éprouve confusément le sentiment d’une injustice. Il me semble que cette vie tourmentée, torturée par je ne sais quelle insatisfaction, que cette constance toujours renouvelée par le besoin de l’aventure, où il n’a peut-être manqué que de la quiétude ou de la tendresse, éclaire et explique ce qu’il y a d’incomplet et de particulier dans l’œuvre de Beaumarchais. Et je me demande si toutes les raisons qu’on peut trouver pour ne pas l’aimer ne seraient pas aussi bien des raisons pour l’aimer.

Beaumarchais reste immortel : par Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro et par sa fondation de la Société des Auteurs.

Il a mêlé à la littérature le commerce, et c’est peut-