Je me permettrai seulement, pour en expliquer l’obscurantisme rétrograde (et sans vouloir insister), de vous proposer quelques-unes de ces questions dont l’insolubilité pourrait, à juste titre cette fois, revendiquer le nom de problème.
Pourquoi un théâtre de 700 places qui obtient certain soir un succès foudroyant, voit-il régulièrement pendant un certain nombre de soirées une moyenne de 700 spectateurs se diriger vers ses 700 fauteuils, et pourquoi n’y a-t-il pas 1 400 personnes un jour, et point du tout le lendemain ?
Je ne crois pas que les mathématiques, la physique ou la statistique suffisent à expliquer ce phénomène. À l’heure triste du crépuscule dans la ville, au moment où nous éprouvons avec une légère angoisse l’approche de la représentation, quand on est un peu las et que les passants semblent maussades ou dédaigneux, j’ai souvent regagné le théâtre à pas pressés, pris d’une espèce de panique, effrayé à l’idée d’un théâtre vide, ce soir-là, et rassuré seulement et émerveillé à la fois de voir, vers huit heures et demie, le public venir s’asseoir dans les fauteuils.
Pourquoi, dans une population de plusieurs millions d’habitants, y a-t-il tous les soirs 700 personnes et 700 personnes seulement (mathématiquement il y a un ou deux pour cent d’écart, c’est-à-dire de 693 à 707 personnes) pendant plusieurs semaines, pour venir, sans convocation, sans titre spécial, sans entente entre elles, s’assembler dans le même lieu ?