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pérore sur la décadence de la mise en scène, sur les décors transparents, sur la scène tournante, sur l’architecture théâtrale ou sur les entr’actes ; que l’on mette à l’ordre du jour l’abaissement de la production ou celle des taxes d’État ; que l’on se tourne vers l’horaire des spectacles, le cachet des vedettes, le port obligatoire du smoking, le prix du programme, la suppression du billet à prix réduit ; que l’on organise l’extermination des marchands de billets, l’anéantissement des ouvreuses ou la gratuité du vestiaire, tous ces problèmes qui, tel le phénix, renaissent périodiquement de leurs cendres, n’ont guère progressé depuis nos devanciers — j’allais dire depuis toujours — et nous avons chance de les léguer intacts à nos successeurs. Tous ces prétendus problèmes n’en sont pas ; tous ces maux appartiennent depuis toujours à notre profession. Le fait de leur attacher de l’importance témoigne d’une myopie certaine : ces rébus, ces devinettes, s’enflent, grossissent et s’enveniment du fait des journaux et de l’oisiveté des conversations. Dès qu’ils préoccupent le public, on peut être assuré qu’il y a, par ailleurs, malaise plus grave, et que le patient a des troubles organiques importants.

Je citerai en exemple, pour votre satisfaction et pour la mienne, si vous le voulez, un de ces faux problèmes enfin résolu, celui-là, après deux siècles d’efforts : celui de la présence des spectateurs sur la scène. Dans l’édifice improvisé où s’organisaient, au moyen âge, les représentations théâtrales, les spectateurs de marque avaient pris l’habitude d’assister à la comédie ou au spectacle,