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Il n’y a pas, au théâtre, des problèmes, il n’y en a qu’un : c’est le problème du succès. Il n’y a pas de théâtre sans succès. Si l’on veut y réfléchir, cette affirmation me semble d’une suffisante importance pour faire passer au second plan toutes les autres considérations. La réussite est la seule loi de notre profession. L’acquiescement du public, ses applaudissements, sont, en définitive, le seul but de cet art que Molière appelait le « grand art » et qui est l’art de plaire. L’art de plaire, au théâtre, c’est l’art d’écrire des pièces ; c’est ensuite, et bien au-dessous de ce sommet, l’art de les monter et de les jouer. Voilà, brièvement dit, sous quel aspect se présente à moi la question du théâtre.

Je n’aime pas ce mot de problème, si souvent employé, si souvent imprimé : problème de l’adolescence, problèmes de la sexualité, problème des familles nombreuses, problème électoral, problème du vin ou du blé, il y aura toujours, malgré ce mot « problème », des enfants, des adolescents, des familles nombreuses, du blé, du vin. Grâce à Dieu, tout ce qui est vie est problème.