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dien. Il doit acquérir une articulation impeccable, une sensibilité dramatique, l’intelligence d’un texte et sa traduction scénique ; il doit savoir s’habiller et se maquiller, et apprendre à combiner ces qualités de façon harmonieuse. Nous avons eu, en France, des comédiens qui répondirent à cette définition : Lekain, Mounet-Sully.

On peut arriver à une certaine excellence dans ce métier sans posséder toutes ces qualités. Les dons doivent être, à l’origine et dès le début des études, confirmés par leurs progrès et par un contrôle médical (résistance physique, état des poumons, du larvnx, etc.).

Le comédien devra assouplir son physique de façon sportive et, sans aller jusqu’à l’acrobatie que pratiquaient les Romains et qu’exigent les comédiens russes, le rendre apte à toute gesticulation que peuvent demander les textes.

En travaillant sa voix, le comédien, après l’avoir posée comme font les chanteurs, et après avoir appris à connaître exactement son registre, doit, ayant acquis une bonne diction, étudier la déclamation. C’était, au xviie siècle, presque tout l’art du comédien. Le jeu proprement dit fut longtemps réservé aux mimes et aux acteurs de la Commedia dell’ Arte. Henry Irving, à qui on allait demander des conseils, disait : « Parlez clair ! » et répondait à toutes les questions par cette devise : « Parlez clair » et il ajoutait « soyez humain ».

La déclamation exige d’articuler parfaitement, de prononcer clairement et de dire juste. C’est encore