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accessoires : coffrets d’écaille, flambeaux, gobelets, jeux de cartes, pichets d’étain et de grès, parchemins et lettres cachetées, torches, lanternes, bourses de cuir et fleurs des champs, fourches de bois et lapins morts, tambourins et guitares, saint ciboire et encriers, plumes d’oies et armoiries, pioches, trousseaux de clefs, livre de messe, cartels, canne de jonc, crosse d’évêque, sceptre de roi, lampadaires, lustres, gongs, poulets rôtis, hanaps et vin du Rhin étaient amoncelés sur le sol de ce lieu apocalyptique.

On apercevait en même temps une bourse à écussons, un bouquet de myosotis, le morceau de la manchette de dentelle de Ruy Blas, des tronçons d’épées, une lettre décachetée, un manteau de velours, un chapeau à plume et un éventail, et tout cela ne rendait ni son ni odeur, en dépit des sonnettes et des gongs qui parsemaient le gazon.

Dans le lointain vaporeux et dantesque on apercevait encore toute la distribution d’Angelo et Marie Tudor, les cercueils de Lucrèce Borgia et tous les personnages de théâtre de l’épopée hugolienne : Mazarin, Francois de Paule, Louis XIII — valets, soldats, nécromans, pages, conjurés, traitres et héros, dont les moindres s’appellent Gondicarius, Flespuru, Gramadoch ou Plinlimmon.

Car à portée de sa main, sur une chaise, dans un énorme cahier plein de croquis et de notes les plus diverses, hauts-de-chausse esquissés, morions, hallebardes ou lanternes sourdes, il avait la liste complète de tous