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reine d’Espagne ; aux pieds de la première, Hernani, auguste et agenouillé, dont l’immense cor pendant à sa ceinture semble posé par terre ; aux pieds de la seconde, Ruy Blas, en livrée, tend à sa reine un bouquet de « ces fleurs bleues »

Pour lesquelles il fait chaque jour une lieue
Jusqu’à Caramanchel.

J’en ai cherché partout sans en trouver ailleurs,

déclamait mon ami, en fignolant le bouquet.

Puis une figure de madone semble s’enfuir, entrainant un pâle jeune homme. C’est Marion Delorme et son Didier — sans doute — car dans la perspective de leur fuite, il y a, magistralement dessinée, une superbe litière qui laisse passer, entre ses lourdes draperies, une longue main — celle du cardinal de Richelieu —. On ne voit jamais que sa main, tandis que l’acteur qui joue le rôle entre les rythmes des tambours laisse tomber les seuls trois mots de son texte : Paaas de grâaaace ! Plus loin, une gitane, la Esméralda danse devant Marie Tudor affligée. Torquemada est si long que son sourire va se loger dans le haut de la gravure. Le Lord Protecteur est de dos et se voile la face ; tout à côté, un quarteron de Burgraves puissants et noueux :

Hatto, Gorlois, le duc Gerhard de Thuringe,
Platon, Gilissa, Zoagho, Granmlaro, Darius,