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ne se trouve pas dans les livres et le parler po­pulaire fournirait un utile supplément. » C’est ainsi qu’avaient déjà pensé et agi Rabelais et Ronsard qui, pour enrichir notre langue litté­raire ne craignirent pas d’aller au fond des idiomes du peuple et d’en rapporter de nouveaux trésors. C’est sans doute suivant cette idée si juste et si naturelle que beaucoup de diction­naires modernes, loin d’être exclusifs comme la dédaigneuse Académie, ont admis sur le même pied d’égalité avec les termes nobles de la langue littéraire, un nombre immense de mots populaires et bourgeois qui se rient ainsi des vaines bar­rières qu’on leur oppose.

C’est la certitude qu’il y a là pour la philologie une tâche nouvelle, qui nous a engagé à faire sur les patois parlés dans la Lorraine, et particu­lièrement sur ceux des Vosges, des recherches spéciales dont nous donnerons l’idée dans une série d’articles. Notre intention est d’étudier le patois dans sa constitution grammaticale et lexicographique, dans son histoire, dans sa littéra­ture et dans ses rapports avec les caractères et les mœurs de ceux qui le parlent. Mais ici, dans ce journal, nous nous bornerons à l’examen de quelques points de notre idiome rustique, à ses caractères, à ses étymologies, à ses nombreuses variétés et aux publications auxquelles il a donné lieu.