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l’artisan, par cela même qu’il manque de culture, qu’il ne s’assujétit pas aux règles de la grammaire, qu’il ne se soumet pas aux prescriptions de l’usage, et n’obéit qu’aux suggestions de ses propres instincts. C’est le peuple qui représente les forces libres et spontanées de l’humanité, et non point les classes exceptionnelles, les esprits façonnés par une éducation littéraire. C’est le rude, mais indépendant organe du peuple qui commence à marteler les mots de cet idiome informe et grossier à son début, qui dans un temps donné finit par se faire accepter par la société tout entière, comme l’interprète naturel de ses nouveaux besoins. »

Il a bien fallu se rendre à l’évidence, depuis que, scrutant les origines de la langue française, on a reconnu qu’il faut aussi les chercher dans les divers âges de notre histoire. Nous ajoutons aujourd’hui qu’il est nécessaire de puiser dans les couches profondes des divers dialectes français qui se parlent depuis 7 ou 8 siècles environ et ont dégénéré en patois. Là se trouve le complément indispensable des travaux linguistiques qui nous touchent de si près.

De telles recherches donnent à la science des points de vue nouveaux et infirment bien des conclusions tenues pour vraies jusqu’aujourd’hui. Elles peuvent encore avoir un but plus élevé. M. Littré disait déjà en 1846 : « Il ne serait pas inutile de chercher dans les différents patois ce qu’ils renferment de bon ; tout l’ancien français