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ils reculent devant les écoles, devant l’imprimerie, devant l’administration, devant l’unité du pays, devant toutes les nouveautés et les nécessités des temps modernes, et ce sont cependant des sources pour ainsi dire inexplorées, au point de vue des origines de notre belle langue.

Depuis le 16e siècle, où les études commencèrent à se porter vers ces origines, les philologues, après avoir tour à tour fouillé le grec, le latin, l’hébreu, le gaulois, le celte, le tudesque, le sanscrit même, après avoir vu rejeter un grand nombre de leurs conclusions, se sont enfin, de nos jours tournés vers le moyen-âge, qui est la transition entre l’époque du bouleversement des idiomes parlés sur notre sol et la constitution de la langue française. Placés sur ce terrain intermédiaire et plus sûr, ils ont déjà corrigé bien des erreurs. La philologie avait ignoré ou souvent oublié que Dieu a donné à tous les hommes dans tous les siècles, un génie propre de création dans l’expression de leurs idées et de leurs sentiments, que tout peuple dans la combinaison des divers éléments qui lui viennent du dehors, fait agir incessamment cette spontanéité toujours prête et vigoureuse qui transforme, crée ou renouvelle les signes aussi bien que les idées. Gustave Fallot, dans son ouvrage sur les patois, a excellemment démontré que le peuple n’attend pas les académies pour se faire sa langue. « Le peuple, tout inculte, tout ignorant qu’il est, dit-il, n’en est pas moins le premier artisan des langues, ou pour mieux dire, il en est