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Nous voyons ces consonnes mouillées représentées sous d’autres formes, en espagnol, par exemple, par ll et n surmonté d’un trait horizontal, et la première en portugais par lh.

Ces deux sons mouillés ne sont pas les seuls qu’on puisse rencontrer. Les langues slaves mouillent presque toutes les consonnes, et, pour indiquer ce nouveau caractère, elles ajoutent seulement un petit signe au-dessus ou au-dessous de la lettre.

Or nous avons, dans le patois vosgien, d’une manière bien prononcée, trois autres de ces consonnes, et il est aussi difficile que tout-à-l’heure de figurer l’orthographe de la syllabe qu’elles forment. Ce sont le b, le p et le t devant e muet et i. Elles forment un bieu, un pieu, un tieu, comme nous avons en français un lieu (ill), un nieu (gn). Pour l’écrire nous nous servirons de l’y. Ainsi pour conjuguer le verbe traubiè, trembler, nous écrirons je traubye (je traubieu), en prononçant le son eu aussi légèrement que la muette de tremble, te traubye, è traubye (tu trembles, il tremble) ; époutiè, apporter, j’époutye, t’époutye, el époutye.

Héritier se prononce également avec un son mouillé que notre écriture ne peut reproduire : érityi. Il en est de même du mot papier que l’on prononce pôpi et papyi.

Le patois vosgien n’est pas le seul qui possède des consonnes mouillées autres que celles de l’alphabet français ; on en trouve jusque dans la Saintonge.