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membres des petits-enfants. Il tient aux vieilles coutumes, au vieux langage. L’enfant parle français à l’école et patois à la maison. Aussi la langue rustique des Vosges n’est pas très riche et connaît peu les nuances et les délicatesses du sentiment. Sa littérature n’est pas non plus fort étendue. Des noëls, des chansons de quelque Désaugiers campagnard, des contes de veillées, des anecdotes grivoises ou moqueuses, en voilà à peu près tout le bagage connu jusqu’à présent.

Depuis le commencement de ce siècle, des modifications se sont opérées dans le dictionnaire du patois. Celui-ci a admis nombre de mots français qu’il a habillés suivant sa mode et son goût, et en a oublié ou rejeté de fort anciens que les vieillards seuls savent aujourd’hui. Ce n’est pas une richesse, c’est une décadence, c’est le commencement de la fin.

Pour mieux faire saisir les caractères particuliers de notre patois, on nous pardonnera les détails un peu arides dans lesquels nous allons entrer ; mais nous espérons cependant qu’ils pourront intéresser nos lecteurs. Nous n’avons suivi, dans cette étude, ni Oberlin, ni Fallot, ni Schnackenbourg, ni tous ceux qui dans un travail général ont parlé du patois lorrain. Notre travail, nouveau dans quelques parties, pénètre plus au fond de la langue rustique ; nous ne nous contentons pas de quelques remarques isolées et sans lien sur les différences du français et du patois ; nous généralisons et nous tâchons de découvrir un principe.