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Ban-de-la-Roche, ont cru que la Lorraine entière avait les caractères de cet idiome exceptionnel, parlé dans un petit coin des montagnes des Vosges.

En attendant que le jour se fasse, sur une question difficile qui touche à l’ethnographie, c’est-à-dire à l’histoire des races, et pour ne pas tomber dans les erreurs d’un grand nombre de linguistes, nous nous contenterons, dans ces études rapides et préliminaires de rattacher le patois vosgien à une grande tribu qui s’étendrait depuis le sud des Vosges dans les vallées de la Moselle et de la Meurthe, de la Meuse et de la Sambre jusqu’à Namur et Liège. C’est la partie restée française du vieux royaume des Lothaires ; et ce n’est pas seulement dans les mots, mais dans l’accent surtout que nous trouvons cet air de parenté étroite. Il est très facile, par exemple, de prendre, au langage, un Ardennais pour un Lorrain.

Lorsqu’on aura établi d’une manière plus certaine l’histoire primitive de nos anciennes villes et provinces et le mouvement des populations, les origines de nos patois se débrouilleront mieux.

Aujourd’hui toute discussion sur les sources étymologiques hésite avec raison devant un fait que la philologie nous a surabondamment démontré : c’est que les populations grecques, persanes, latines, celtiques, germaines, en se rencontrant, ne se doutèrent pas qu’il y avait entre elles des affinités de langage tout-à-fait analogues à celles qu’on retrouve dans les langues