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n’omettons rien, tout ce que la langue rustique des Vosges peut fournir à l’attention des linguistes et à la curiosité des amateurs. Nous avons déjà vengé notre département de l’accusation de pénurie et de pauvreté littéraire.


L’étude des patois modernes de la France est une étude immense, a dit M. Ampère dans son Histoire de la formation de la langue française. Nous ajouterons qu’elle ne peut encore être l’œuvre d’un seul. Il est nécessaire que chacune de nos anciennes provinces apporte un contingent complet, jusqu’à ce que, ce premier entassement de matériaux terminé, un esprit synthétique assez puissant vienne dégager de la masse des détails, autrement qu’on ne l’a fait jusqu’ici, la cause qui sépare un groupe dialectique de l’autre et la loi générale qui les unit. En outre, la comparaison de tant de langages divers ne peut que conduire à connaître scientifiquement, et non plus empiriquement par une intuition capricieuse et téméraire, les véritables origines de la langue française. Les patois des Vosges ne nous ont point paru sans mérite pour contribuer à une œuvre si vaste. C’est pour cela que nous consacrons nos loisirs à réunir tout ce qui peut les faire connaître.

Nous nous estimerons heureux si nous avons pu, dans nos premiers efforts, engager quelques-uns de nos compatriotes à se mettre comme nous à la poursuite des œuvres patoises anciennes ou modernes. Nous en possédons déjà un certain nombre que nous livrerons peu à peu au public.