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innocens que leur odeur, leur couleur & leur ſaveur variées à l’infini peuvent lui donner.

Dans la diſtribution de ſes biens le Maître de la nature en donne à chaque pays qui lui ſont propres ; mais ſi l’on eſt obligé de chercher ailleurs ce que l’on trouve pas chez ſoi, un ſage Œconome ſçait tirer parti de cette circonſtance, & faire enſorte que perſonne n’y gagne plus que lui. Les Hollandois, par exemple, gardent pour eux les cloux de gerofle, les muſcades & la canelle ; & l’exportation des ſemences de ces épices eſt défendue ſous peine de mort. Voici de quelle maniere le Hollandois Piſon en parle dans ſa Mantiſſa aromat. pag. 177. Les petits Rois des Indes Orientales éblouis par le profit préſent de quelques milliers de riſdales qu’on leur diſtribua, détruiſirent tous les gerofliers de leurs pays ; & les nôtres, qui n’ont en vûe que le gain, auroient cru commettre une grande imprudence s’ils euſſent permis que le prix de cette précieuſe épice diminuât par ſon abondance. Lorſque l’Arabie heureuſe poſſédoit encore