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petite nation dont les ressources étaient aussi bornées que l’étendue de son territoire, avait, par son génie, ouvert au monde les solitudes de l’Océan ; elle avait conquis l’Afrique orientale jusqu’à Mogadoxo, et pénétré au cœur même de l’Abyssinie ; elle s’était établie en souveraine sur la côte du malabar et dans les îles de l’Océan indien, dominant le commerce du globe, fondant des établissements coloniaux, élevant des villes, répandant la foi catholique et poussant ses courses aventureuses jusqu’en Chine et jusqu’au Japon ; de pareils résultats, comparés aux moyens d’exécution, nous semblent un des plus grands spectacles de l’histoire.

Ce sont les humbles commencements de cette fortune que montre le journal dont nous donnons la traduction ; son mérite n’est pas un mérite littéraire ; il a été tracé par une main rude, plus habituée à la manœuvre du vaisseau qu’aux travaux de la plume ; mais il porte, à un haut degré, le caractère de la sincérité, et il est empreint de cette naïveté du vieux temps qui s’efface chez les écrivains avec la fin du seizième siècle.

Il a paru deux éditions du Roteiro : la première, publiée à Porto en 1838 par MM. Diogo Kopke et do Castello de Paiva, savants professeurs de l’Académie polytechnique de cette ville ; la seconde[1], à Lisbonne, en 1861, après la mort de M. Kopke, par les soins de son collaborateur et ceux de M. Herculano dont le nom jouit d’une grande réputation litérraire en Portugal. Nous avons eu les deux éditions sous les yeux, et c’est la plus récente que nous avons traduite, sans en rien retrancher, ni les discours préliminaires, ni les notes, car ces pièces sont le fruit

  1. Roteiro da Viagem de Vasco da Gama em MCCCCXCVII, por A. herculano e o baráo do Castello de Paiva, segunda ediçáo, Lisboa, imprensa nacional, 1861. Le titre modeste de Roteiro (Routier) n’exprime peut-être pas suffisamment le caractère d’une œuvre à la fois historique et géographique.