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Î9 envoya fept ou huit marchands examiner la marchandife afin qu'ils Fachetaflent fi elle était à leur gré ; en outre, il envoya fijr place un homme qualifié, pour y demeurer avec le fadeur, & ils avaient ordre de tuer tout Maure qui appro- cherait, fans être aucunement recherchés pour ce fait. Les marchands envoyés par le roi demeurèrent là une huitaine de jours ; mais loin d'acheter, ils dépréciaient la marchandife. Quant aux Maures, ils ne vinrent point du tout au magafin où elle était dépofée, & leur inimitié s'en accrut à tel point que, fi quelqu'un de nous allait à terre, ils crachaient fur le fol, dans fintention de nous mortifier, en difant : « Portugal, Portugal » ; d'ailleurs, dès le principe, ils avaient cherché les moyens de fe faifir de nous & de nous mettre tous à mort. Or, quand le commandant vit que la marchandife n'était pas en un lieu favorable à la vente, il le manda incontinent au roi, témoignant le défir de fexpé- dier à Calicut & demandant fon agrément. A cette requête du commandant, le roi s'emprelTa d'ordonner au baile de prendre autant de monde qu'il en faudrait pour charger à dos la totaUté des marchandifes & pour la tranfporter immédia- tement en ville, ajoutant que les frais feraient à fa charge, & que rien de ce qui appartenait au roi de Portugal ne devait payer en fes Etats. Mais tout cela cachait le deflein de nous faire un mauvais parti, àcaufe de la méchante opinion qu'on lui avait fait concevoir de nous en nous repréfentant comme des larrons qui cherchions l'occafion de voler] toutefois il fit, comme on fa vu, tout ce qui vient d'être rapporté. Un dimanche, jour de faint Jean-Baptifle & vingt-qua- trième du mois de juin, la marchandife partit pour Calicut, &, une fois là, le commandant voulut que tout le monde