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quand il veut, et néanmoins, il se lit l’avocat de ces fameux Acts de navigation, grâce auxquels l’Angleterre prétendait s’assurer le monopole des transports maritimes. On pourrait à cet endroit citer d’autres exemples, mais à quoi bon ? et diminuent-ils beaucoup en somme, la gloire de l’ouvrier et la grandeur de sa tâche ? Avec tous ces drawbacks, pour employer une expression de nos voisins, Adam Smith reste en possession des titres les plus manqué d’en faire la remarque, il a déblayé le terrain sur lequel, de nos jours, la grande industrie se meut avec tant d’aisance et de puissance, en démontrant que toute intervention de l’État pour attirer les capitaux du côté où leur pente naturelle ne les appelle pas, ou pour les empêcher de se porter vers les entreprises qui leur sourient, était à la fois abusive et ruineuse ; il a préparé, par ses coups au système mercantile et ses lumineuses considérations sur l’essence même du trafic, l’avénement de la liberté commerciale et le futur triomphe du free trade. De son vivant, un des premiers soins d’Adam Smith avait été de convertir à ses idées le jeune Pitt ; il y réussit, et l’effet de cette conversion fut le premier traité commercial avec la France, dont une plume des plus compétentes a fait ici même l’historique. Pendant les vingt ans de tourmente politique et de guerres incessantes qui suivirent, la doctrine de Smith subit une éclipse, et la société parut un moment près de reculer jusqu’aux pratiques commerciales les plus odieuses de l’ancien régime. Mais, en 1825, Huskisson s’en emparait pour battre en brèche les lois de navigation et le pacte colonial. Les années qui suivirent devaient voir la glorieuse et triomphale abolition des corn laws le tarif modifié de Robert Peel, le traité commercial de 1860, et les dégrèvements tant d’impôts que de droits opérés par M. Gladstone.

De tous les beaux chapitres qui abondent dans la Richesse des nations, il en est un cependant qui paraît à M. Lowe digne d’une admiration particulière : c’est celui sur l’éducation, et il n’y en a point qui ait été moins lu et qui ait exercé moins d’action ultérieure. Smith était persuadé, et le disait tout haut, que chacun devrait pouvoir trouver le genre d’instruction et d’éducation qui lui semble le mieux approprié à ses besoins intellectuels et à sa d’encouragements de toute sorte que l’on promue aux établissements dits d instruction publique, et il les qualifiait d’aumônes déguisées, qui avaient le double inconvénient d’entretenir l’imprévoyance au sein des classes laborieuses et de favoriser chez elles la désertion d’un devoir naturel, tandis que, d’autre part, elles