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combien d’équations sont nécessaires ou combien il y a de quantités inconnues.

La publication de votre travail tel qu’il est actuellement est très-satisfaisante en ce qu’elle tend à confirmer l’opinion que j’ai de la rectitude de ma théorie, mais elle pourrait donner lieu à des doutes sur l’originalité. et la priorité de sa publication. Je considérerais donc comme une faveur que vous voulussiez bien me faire savoir si vous êtes suffisamment au courant de mes écrits, ou si vous désireriez que je vous envoyasse un exemplaire de ma « Theory of Political Economy. »

Avec bien des remercîments pour la bonté que vous avez eue de porter votre mémoire à ma connaissance, et avec une grande admiration pour la clarté avec laquelle vous avez traité le sujet, croyez-moi, etc.

W. Stanley Jevons.


À M. le professeur W. Stanley Jevons, à Manchester.
Lausanne, 23 mai 1874.
Cher Monsieur,

Lorsque j’eus l’honneur de vous écrire, le 1er de ce mois, en vous envoyant mon mémoire sur le Principe d’une théorie mathématique de l’échange, je vous connaissais de réputation, mais seulement comme auteur de travaux estimés sur la question de la variation des prix et de la dépréciation de la monnaie. Je vous savais mathématicien, mais je me figurais que vos applications mathématiques étaient plutôt statistiques qu’économiques. Quelques jours après, M. d’Aulnis de Bourouill, étudiant en droit à l’Université : de Leyde, ayant lu mon travail dans le Journal des Économistes, m’écrivit, en date du 4 mai, pour me signaler la direction commune de nos recherches et me fournir le titre exact de votre ouvrage. Dès lors, je fus détrompé, et j’attendais en quelque sorte votre lettre lorsqu’elle m’est arrivée.

La coïncidence de nos deux théories sur le point que vous m’indiquez est éclatante. Il est évident que votre coefficient ou degré d’utilité, qui est « le coefficient différentiel de l’utilité considérée comme une fonction de la quantité des marchandises, » est identique à mon intensité d’utilité ou à ma rareté qui est « la dérivée de l’utilité effective par rapport à la quantité possédée ; » que votre raison d’échange n’est autre chose que mon prix courant ; et qu’enfin votre équation d’échange se confond avec mon équation de satisfaction maximum. En lisant très-attentivement votre « Brief Account, » et notamment les §§ 13 à 20, j’ai cru reconnaître une certaine différence dans la manière dont nous introduisons cette équation, et surtout dans la manière dont nous en usons. Je ne vois pas que vous la fondiez sur la considération de satisfaction maximum, qui est pourtant si simple et si claire. Je ne vois pas non plus que vous en tiriez