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tions à l’enchère de (B) de chacun des porteurs de (A). Cela posé, nous sommes en mesure de résoudre mathématiquement le problème général qui consiste, Étant données deux marchandises (A) et (B), et les courbes de demande de ces deux marchandises l’une en l’autre, à déterminer, les prix respectifs d’équilibre.

A priori, ce problème est évidemment soluble, du moins en principe, par le procédé mathématique, comme il est soluble,en fait, sur le marché, par le procédé empirique de la hausse et de la baisse. Sur notre marché, nous avons supposé les acheteurs et les vendeurs en présence les uns des autres ; mais la présence de ces échangeurs n’est pas nécessaire : qu’ils donnent leurs ordres à des agents, le marché se tiendra entre ces derniers. Même pratiquement, il y a des marchés où les ventes et achats se font à la criée par l’intermédiaire d’agents tels qu’agents de change, courtiers de commerce, et ces marchés sont précisément les mieux organisés sous le rapport de la concurrence. Rien ne saurait donc nous empêcher de supposer notre marché organisé de cette façon. Mais, théoriquement, la présence des agents est-elle plus nécessaire que celle des échangeurs eux-mêmes ? Pas le moins du monde. Ces agents sont les exécuteurs purs et simples d’ordres inscrits sur des carnets : qu’au lieu de faire la criée, ils donnent ces carnets à un calculateur, et ce calculateur déterminera le prix d’équilibre non pas certes aussi rapidement, mais, à coup sûr, plus rigoureusement que cela ne pourrait se faire par le mécanisme de la hausse et de la baisse. Nous sommes ce calculateur ; nos courbes de demande représentent les ordres des échangeurs ; on nous donne tout le temps nécessaire ; nous devons pouvoir déterminer mathématiquement nos prix d’équilibre.

Le prix courant d’équilibre est celui pour lequel la demande totale effective et l’offre totale effective de chacune des deux marchandises sont égales. Or, nous avons les demandes partielles exprimées par des courbes. Ajoutons toutes ces courbes partielles les unes aux autres, en additionnant toutes les ordonnées pour une même abscisse , nous obtiendrons une courbe totale (fig. 2) exprimant géométriquement les dispositions à l’enchère de (A) de la totalité des porteurs de (B). Ce sera la courbe de demande totale de (A) en (B) en fonction du prix de (A) en (B). Nous obtiendrions de même la courbe qui serait la courbe de demande totale de (B) en (A) en fonction du prix de (B) en (A). Ayant ainsi la demande totale effective des deux marchandises, cherchons d’abord à en déduire leur offre totale effective, et voyons ensuite pour quel prix a lieu l’égalité de l’offre et de la demande.