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L’homme de lettres digne de ce nom poursuit son œuvre, dominé par l’amour exclusif du vrai, du beau ; il ne songe point au profit. Que si, son labeur terminé, la force des choses, la fatalité providentielle des lois de la nature, consacrées par la société, lui procurent une récompense légitime, lui assurent une précieuse indépendance, tout sera bien, ou du moins tout sera mieux que si, foulant aux pieds et les nécessités de l’échange et les droits de propriété, la société, dans l’intérêt d’une constitution empirique et sentimentale, en vue d’un apostolat romanesque, condamnait à une éternelle misère le producteur intellectuel.

Léon WALRAS.





SOCIÉTÉ CENTRALE D’AGRICULTURE




La société centrale d’agriculture, dont la discussion et le vote sur la législation des céréales ont eu l’été dernier un si grand retentissement, a tenu le mercredi 30 novembre sa séance publique de rentrée. Le public s’y est rendu avec une affluence inusitée qui montre combien les questions agricoles préoccupent de plus en plus l’attention. Cette séance est habituellement consacrée à des notices historiques sur d’anciens membres de la société. M. de Lavergne, membre de l’Institut, a lu la notice sur Royer, ancien inspecteur général de l’agriculture ; M. Robinet, celle sur Jean Thouin, frère d’André Thouin, ancien jardinier en chef du jardin des plantes ; M. Barral, rédacteur en chef du Journal d’agriculture pratique, celle sur le vicomte Morel de Vindé, et M. Vicaire, administrateur général des domaines de la couronne, celle sur le célèbre forestier Michaux.

Le discours de M. de Lavergne a paru tout entier dans le Journal d’agriculture pratique ; nous en reproduisons le passage relatif à l’ouvrage de Royer, intitulé : Notes économiques sur la statistique agricole de la France, parce qu’il contient une sorte de profession de foi sur l’alliance de l’économie politique et de l’agriculture.

« La grande statistique agricole venait d’être achevée par le gouvernement. Boyer avait eu l’heureuse idée de résumer en un volume d’un format plus commode les chiffres épars dans les quatre gros volumes de la publication officielle, en y ajoutant ses propres réflexions. Il y passe en revue toutes les espèces animales et toutes les cultures, depuis celles qui créent tous les ans des milliards de valeurs, comme les céréales d’hiver et de printemps, jusqu’à celles qui n’occupent que quelques hectares, comme