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du travail. MM. Jules Lechevalier ; Lepeltier Saint-Remy et Chapelle, ont parlé, le premier, au nom de la science nouvelle ; le second, pour dire des banalités contre l’économie politique et Malthus ; le troisième, pour protester contre le libre échange. Trois de nos collaborateurs, MM. Coquelin, Fonteyraud et Joseph Garnier ont soutenu l’attaque, et ont été vigoureusement ; éloquemment appuyés par trois orateurs nouveaux, MM. Les Fauris, Fournier, et M…, qui ont fait preuve d’un remarquable talent.

— La Démocratie pacifique a inventé un nouveau droit qu’elle réclame pour le bonheur du peuple français : le droit d’emprunter. En lisant les développements que ce journal donne pour expliquer sa nouvelle formule, on voit qu’il entend tout simplement par là une amélioration du système hypothécaire et la création d’institutions de crédit-foncier analogues à celles qui existent en Pologne et qui émettent des lettres de gage.

En fabricant de nouveaux mots ; l’école phalanstérienne fait croire au vulgaire qu’elle a des idées nouvelles. Depuis le 24 février, elle a, sous ce rapport, un redoutable concurrent dans M. le directeur de la Presse, le même qui a dit qu’un peuple se mène comme un cheval, qu’une constitution se confectionne en trois heures, et qu’il n’est issu de la Révolution de Février que deux grands hommes :

1o M. Louis Blanc, organisateur du travail ;

2o M. Émile de Girardin, organisateur du cr6dit.

Cette organisation du crédit consiste dans la création de billets à rentes hypothéqués sur diverses propriétés, telles que domaines publics, argenterie, chemins de fer, etc. En se querellant sur la priorité de l’invention, la Presse et la Démocratie pacifique ont été conduites à avouer que tout ce qu’elles avaient dit se trouvait très-clairement expliqué dans un livre de M. Cieszkowski, sur la circulation, et déjà indiqué dans une brochure de MM. Pereire frères, laquelle remonte à quelque vingt ans. Si nous avons bonne mémoire, la même idée se trouve dans une publication encore antérieure, du baron Corvaja, financier napolitain.

La même Démocratie pacifique croit faire des partisans au système des billets à rentes, en les appelant du nom d’assignats, et en s’évertuant à prouver l’identité de ces papiers. C’est être à la fois imprudent et inexact. Les assignats n’étaient hypothétiques que sur les biens des émigrés, lesquels avaient été spoliés et pouvaient revenir. Les billets à rente, tels qu’on les conçoit, seraient hypothéqués sur les propriétés garanties. Pourquoi donc réhabiliter ce nom, qui jette la terreur dans le crédit ? — Une manifestation des ouvriers de tous les devoirs a eu lieu pour sceller l’union qui doit désormais exister entre tous les compagnonnages. Dieu veuille que ce ne soit pas la le baiser de Lamourette ! Au reste, il est impossible que la liberté ne dissipe pas ces vieux restes du moyen age.

— Le travail des prisons, qui fait, dit-on, une concurrence redoutable à celui des ouvriers libres, est suspendu. Les baux passés avec les entrepreneurs seront résiliés. Mais la question n’est pas résolue ; il est impossible qu’on n’occupe pas les prisonniers.




La Librairie Guillaumin et Cie va publier cette semaine les trois ouvrages suivants, auxquels les circonstances prêtent un grand intérêt :

Question des travailleurs. — L’amélioration du sort des ouvriers. — Les salaires. — L’organisation du travail ; par Michel Chevalier ; in-32, 50 cent.

Organisation du travail.Lettre économique sur le prolétariat, par G. Dupuynode ; 1 vol. grand in— 18, 3 fr. 50 cent.

Organisation du travail.Lettre aux membres du gouvernement provisoire, par M. Bérard, ingénieur ; in-32, 25 cent.

Paris, ler avril 1848.