Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/454

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Après cette lettre, il est curieux de relire le rapport fait au ministre par M. Jean Reynaud, au nom de la haute Commission des études. « Quant à l’économie politique proprement dite, l’avis unanime de la haute Commission, rapporte M. Jean Reynaud, a été que cet enseignement, convenable dans les livres, devait être éliminé d’un système d’études officiel. » (Voy. notre numéro du 15 avril, no 78, tome XX, pag. 66 et 99.)

Il est évident que la haute Commission des études n’a été qu’un instrument dont on a abusé.

C’est dans la séance du 5 juillet que la Chambre a répété à M. Carnot qu’elle avait le désir qu’il donnât sa démission. Son fidèle Achate s’était exécuté avant lui. M. Carnot, nature molle et indécise, ne s’est pas douté le moins du monde que ses conseillers, socialistes de l’espèce la plus nébuleuse, lui faisaient faire des sottises. Une de ces sottises, ç’a été l’approbation d’un Manuel de l’homme et du citoyen, à l’usage des écoles, dans lequel les questions délicates de l’économie sociale sont abordées par des esprits inexpérimentés. Ce Manuel a été signalé à la Chambre par M. Bonjean, qui a proposé, sous forme de blâme, une diminution de 5,000 fr. sur les dépenses de l’enseignement primaire. Malgré les explications, ou plutôt à cause des explications de M. Carnot, l’amendement a été adopté. M. Carnot s’est plaint de ce qu’on ne le traitait pas avec la bienveillance qu’il a pour ses adversaires. — Il est possible que M. Carnot soit un homme bienveillant ; mais il n’en est pas moins vrai que son passage au ministère laisse des traces d’une inintelligente brutalité. À chacun selon sa capacité, et à chaque capacité selon ses œuvres. La formule ne dit pas : à chacun selon sa bienveillance.

Depuis, M. Jean Reynaud a écrit aux Débats une lettre assez embrouillée, dans laquelle il réclame contre la qualification de « partisan avoué du socialisme. » Nos lecteurs n’ont pas besoin d’interroger d’autres actes de M. Reynaud que le rapport qu’il a adressé au ministre, au sujet de l’enseignement de l’école administrative.

— La presse française et la presse européenne se sont à peu près exclusivement occupées, depuis quinze jours, des terribles événements qui ont jeté l’effroi et le deuil dans Paris. Les esprits sérieux ont voulu remonter aux causes. Il faut espérer que l’enquête à laquelle se livre une Commission spéciale de la Chambre fera connaître les détails matériels et personnels qui nous expliqueront la force formidable des insurgés, la faiblesse de la défense dans les premiers moments, et la nature réelle des dangers que la société et la civilisation ont courus. Quant aux causes économiques et morales, nous croyons avoir été, dans notre dernier numéro, de ceux qui ont fidèlement interprété les raisons premières du désordre des intelligences qui s’est traduit par la guerre civile.

C’est le socialisme (voyez les explications que donne à cet égard un de nos collaborateurs dans notre dernier numéro, p. 375), c’est le socialisme qui est la cause fondamentale des malheurs de la situation ; non pas tant le socialisme excentrique des chefs d’école, qui prêchent un système net et défini, que le socialisme des hommes politiques de toute nuance, qui depuis longtemps cachent les haillons de leur ignorance en économie sociale et politique sous un manteau d’arlequin composé avec des pièces prises à des systèmes qu’ils affectent de combattre et de railler.

Ceci posé, nos lecteurs trouveront, au milieu de détails contestables, un