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l’on vous engage, j’aime à le croire, malgré vous, la révolution de 1848 ne s’identifie dans l’esprit du peuple français avec la ruine ou du moins l’ébranlement de la propriété. (Agitation.) Cette loi vous conduit à ce résultat, et c’est pour cela que je suis venu la combattre ; je la combats parce qu’elle est souverainement illibérale, souverainement injuste et souverainement impolitique.

Par ce triple motif, je la réprouve et je la repousse.



CHRONIQUE.

Nous exprimons dans un article spécial quelques-unes des sensations qu’a fait naître en nous l’abominable lutte qui a ensanglanté les derniers jours de juin. Cette catastrophe a été précédée d’une grande agitation d’abord, à propos de la destitution de M. Louis Bonaparte comme représentant du peuple ; ensuite à propos de la destitution de M. Émile Thomas, directeur des ateliers nationaux, et, enfin, à propos de la dissolution de ces ateliers et de la transformation des secours accordés aux ouvriers sans travail.

Dans un autre article sur les questions de finances, nos lecteurs trouveront de judicieuses réflexions de notre honorable collaborateur M. Horace Say, sur les emprunts à la Banque projetés par M. Duclerc, naguère ministre des finances, et sur les encouragements à donner aux exportations, imaginés par le Comité des finances de l’Assemblée nationale.

Dans un troisième article, un autre de nos collaborateurs examine encore en détail une troisième question de circonstance, et que nous aurions dû mentionner dans notre chronique, nous voulons parler du tarif supplémentaire de l’octroi de Paris, provoqué par l’accroissement des dépenses.

— L’Assemblée nationale avait été sollicitée par les députés de l’Algérie, de décider que cette possession formerait une partie intégrante du territoire français. Sur l’observation des généraux qui ont commandé en Afrique, MM. Cavaignac, Lamoricière et Bedau, la Chambre a pensé que s’il fallait à l’Algérie une administration autre que l’administration militaire, le moment n’était pas encore venu d’y appliquer les lois et la Constitution françaises.

M. Pierre Leroux, récemment nommé député de Paris, a demandé la parole, et, sous prétexte de colonisation, il a fait prendre à la discussion la tournure d’une digression sur les réformes sociales. Comme M. Pierre Leroux était précédé d’une grande réputation de philosophe et de socialiste ; comme, d’ailleurs, il a parlé avec un remarquable accent de conviction, l’Assemblée l’a religieusement écouté cette première fois ; elle a même consenti à suivre la digression. Dans ce discours, que nous reprendrons peut-être si les événements nous le permettent, M. Pierre Leroux s’est borné à décrire, en termes plus ou moins justes et en citant des faits plus ou moins bien observés, la pénible situation des classes ouvrières. Mais de conclusion, point ; à moins que nous ne consentions à prendre pour conclusions d’inintelligentes imprécations contre Malthus et des banalités contre la vieille économie politique !

M. Goudchaux lui a répondu qu’il y avait beaucoup à faire dans l’intérêt des ouvriers. Quoi ? — l’organisation du crédit ! M. Goudchaux a tété, je le crois, du lait socialiste.

Le lendemain, la disgression a continué, mais elle est tombée à plat. M. Flocon, ministre du commerce, a annoncé une série de projets destinés a régénerer l’agriculture ; projets qui ne verront pas le jour, a moins que son successeur, M. Tourret, de l’Allier, ne partage les illusions de M. Caussidière sur les terres incultes.

— Le projet de constitution a été publié le 20 juin. Les bureaux de la Chambre l’examinent aujourd’hui. Répétons à la Chambre que tout retard à voter le point fondamental est un empêchement au rétablissement de la confiance, à la reprise du crédit et des affaires.

Le projet, lu par M. Marrast, est précédé, comme nous le craignions, d’une