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que viendront s’ajouter 9 autres millions. Mais déjà les revenus se trouvent réduits de près de cinq millions par la suppression des droits sur la viande. Il faudra bien qu’on en vienne à examiner la question si grave de la suppression des octrois, et cependant les besoins municipaux sont grands et impérieux.

On ne saurait trop le répéter, surtout au moment où l’on s’occupe de faire une Constitution nouvelle : la base première à poser pour construire un édifice politique solide est une bonne organisation communale.

HORACE SAY.




POLITIQUE RÉPUBLICAINE
DES
LIBRE-ÉCHANGISTES ANGLAIS.

On a reproché aux hommes qui ont dirigé la grande agitation économique de l’Angleterre d’avoir trop limité l’objet de cette agitation ; on leur a reproché d’avoir concentré uniquement leur attention sur une question de pot-au-feu. Rien de plus injuste qu’une telle imputation. La Ligue ne s’est pas préoccupée seulement de renverser le vieux système économique de l’Angleterre, elle a fait aussi une rude guerre à la politique restrictive, jalouse et haineuse de l’aristocratie britannique. Dans la pensée de ses illustres chefs, le système politique de l’Angleterre devait être complètement changé de même que son système commercial. Au lieu d’agir dans le sens du vieil adage de Montaigne : Le proufict de l’un fait le dommage de l’autre, adage qui a, pour ainsi dire, servi de base aux théories protectionnistes, le gouvernement anglais devait désormais mettre sa politique en harmonie avec la maxime plus humaine et plus fraternelle des partisans de la liberté commerciale : La prospérité de chacun, individu ou peuple, concourt à la prospérité de tous !

Dans quelques-uns des remarquables discours qu’il a prononcés dans le courant de la session, M. Cobden a demandé l’application de la politique pacifique et fraternelle des free-traders de la Ligue ; il a réclamé, en conséquence, la diminution de l’armée et de la flotte. Ses réclamations éloquentes sont demeurées sans résultats ; mais tous ceux qui connaissent la courageuse persévérance de l’apôtre de la Ligue savent qu’il ne se laissera point décourager par un premier échec, et qu’il poursuivra la lutte jusqu’à ce qu’il ait fait mordre la