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peu d’utilité pratique qu’elle peut avoir, il parait sans importance qu’elle ait été prescrite.

L’exposition est, pour ainsi dire, le compte-rendu des efforts de l’industrie française ; c’est la manifestation de sa force, de sa puissance. Nous savons bien que l’un des éléments qui peuvent faire juger cette puissance, c’est le prix de revient du produit ; c’est là le critérium de l’utilité nationale d’une industrie, puisqu’en définitive c’est de consommation qu’il s’agit. Ce n’est donc pas la mesure en elle-même que nous hésitons à louer, mais nous croyons que la plupart des prix cotés par les fabricants ne seront pas, ne pourront pas être, dans la plupart des cas, l’expression exacte de la vérité, et alors, à quoi bon exiger un mensonge ?

— Nous ne saurions passer sous silence la coalition des ouvriers mineurs de Rive-de-Gier. Dans l’état présent de la question, il n’est guère possible de juger la cause qui vient de déterminer la suspension des travaux. Le prix des charbons a baissé ; les ouvriers ont été menacés d’une diminution de salaires. Réclamer contre l’abaissement n’est pas malheureusement la même chose que donner de l’élan à une industrie qui souffre, et les coalitions, que nous sachions, n’ont jamais eu pour résultat de donner cet élan.

Le remède à un tel état de choses n’est point aussi facile qu’il plaît à quelques personnes de le dire. L’association entre les maîtres et les ouvriers, et la division du produit, voilà, en général, ce que réclament les réformateurs. Partout où l’association est possible, certes c’est une chose heureuse que de la voir mettre en pratique ; mais il ne faudrait pas croire qu’elle pût empêcher les soubresauts du travail, et, lorsqu’il y a chômage, il peut y avoir souffrance, même pour des associés. Qu’une industrie soit en perte, qu’elle réalise pour tous bénéfices le salaire des associés, que deviendront-ils lorsque le travail cessera ? Cette association est, du reste, mise en pratique sur quelques points. La célèbre mine de fer de Vicdessos, dans l’Ariégo, appartient à la commune même ; elle est exploitée en commun par tous les habitants ; et cependant les profits qu’ils font sont à peine l’équivalent d’un fort modique salaire. Il n’est peut-être qu’une seule association capable de prévenir ces maux passagers, ou plutôt d’y porter quelque remède, c’est la grande association nationale, et, dans ce cas, la loi des pauvres offre le fonds commun destiné à compléter les salaires. L’Angleterre a fait une longue et douloureuse expérience d’un tel remède. Elle peut dire ce que son application lui a coûté, livrée qu’elle était aux caprices de philanthropes sans lumières, qui prenaient leurs impressions passionnées pour des raisonnements, et qui agissaient à l’aventure, selon leur tempérament, leur état de santé, leur bonne ou mauvaise disposition. Dieu nous préserve de tels régulateurs des salaires ! H. D.