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est représentée, cette abondance de fleurs, cette fraîcheur, cette terre rouge sans poussière, ce soleil qui fait ressortir toutes les nuances. Quel repos pour les yeux et pour l’esprit qu’une telle promenade après quinze jours d’internement sur un bateau ! Sur la route nous croisons des quantités de bicyclettes et surtout de pousse-pousse traînés par des Indiens ruisselants de sueur dont quelques-uns parviennent à nous dépasser. Nous traversons le quartier indigène et le marché où grouille une foule étrangement bigarrée ; il y a là de belles Cinghalaises vêtues d’un jupon et d’un corsage de coutil blanc décolleté en cœur et bordé d’une dentelle de 5 à 6 centimètres qui se détache sur leur peau bronzée ; quelques-unes tiennent à la main un petit mioche haut comme une botte, qui trottine à côté de sa mère. Ces enfants ont un costume composé uniquement d’une ficelle passée autour des reins, ce qui leur fait saillir le ventre et leur donne un aspect bedonnant. Je comprends que Paul n’exagérait rien quand il me disait que dans ce pays on pouvait habiller toute une famille avec une pelote de ficelle !

N’oublions pas les très originales voitures à bœufs, sortes de chariots bas, recouverts de joncs tressés : un ou deux petits bœufs les traînent et trottent aussi vite que nos chevaux.