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tion bizarre donne au bateau une grande stabilité, même par une forte mer. Le bateau lui-même se compose d’un gros tronc d’arbre après lequel on a cloué sur les flancs deux planches. Une grande voile carrée et souvent de couleur, principalement rouge, termine cette embarcation peu coûteuse. J’imagine qu’une course de ces petits bâtiments, aux régates de Barberey, révolutionnerait les Troyens.

Nous commençons à apercevoir Colombo, son port formé par une rade immense et la forêt de mâts des navires. Nous passons près de deux bâtiments de guerre allemands partis depuis six semaines pour la Chine et que des avaries ont retenus plusieurs fois en route, au désespoir sans doute de l’empereur Guillaume, mais à la joie des Anglais qui ne tarissent pas de railleries ; puis deux croiseurs russes, également en route vers l’Extrême-Orient. Nous accostons à côté du Melbourne qui doit nous emmener ce soir vers Singapour. Tout auprès est le Laos qui vient de Chine et qui va emporter nos lettres. Le port est rempli d’une multitude de jonques, de bateaux de formes primitives et extraordinaires. Tout cela grouille et donne une animation dont on ne peut se faire une idée. Notons encore une embarcation formée de trois troncs d’arbres attachés l’un à l’autre, les deux des flancs gros comme des poteaux