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MOUVEMENT BROWNIEN ET MOLÉCULES

par suite la constante de plusieurs façons différentes, à partir d’observations relatives aux corps radioactifs.

Vous savez que les rayons α qui émanent de ces corps charrient de l’électricité positive. Rutherford réussit à montrer que leur action sur un électromètre se décompose en actions pouvant chacune provoquer une impulsion isolée, marquant donc le passage d’un projectile. D’autre part, on peut mesurer (et, malgré les apparences, cela est plus difficile) la charge globale d’électricité rayonnée. La charge d’un projectile s’ensuit aussitôt, et, sensiblement égale à 2 fois la charge atomique précédemment trouvée, conduit pour à la valeur 62 . 1022. De façon plus précise, par d’autres expériences, que je ne puis même résumer, Rutherford a montré que les projectiles α doivent être regardés comme des atomes d’hélium bivalents.

Un autre calcul se fonde d’une part, comme le précédent, sur la connaissance du nombre de projectiles α émis en une seconde par un gramme de radium (3,4 . 1010 d’après Rutherford) et, d’autre part, sur la connaissance de la masse d’hélium qui résulte de la transmutation continue du radium (débit soigneusement mesuré par Dewar), ce qui donne immédiatement le nombre d’atomes qui forme un atome-gramme d’hélium. Ce calcul donne pour comme fait observer M. Moulin, la valeur 71 . 1022 identique à celle que m’a donnée l’étude du mouvement brownien. Cette concordance extraordinaire à partir de moyens si profondément différents est d’autant plus frappante qu’ils n’ont pu absolument réagir les uns sur les autres, puisque le calcul n’a été fait qu’après que mes recherches étaient déjà publiées.

On retombe encore exactement sur le même nombre, si l’on sait quelle fraction d’une masse donnée de radium disparaît en une seconde par transmutation (1,09 . 10-10 d’après Boltwood), en écrivant que le nombre 226,5 . 3,4 . 1010 de projectiles émis en une seconde par atome-gramme est probablement égal au nombre  . 1,09 . 10-10 d’atomes de radium qui se brisent pendant le même temps. Ce calcul donne pour la valeur 70,6 . 1022.

24. Enfin, on ne trouvera pas moins surprenant de retrouver encore à peu près les mêmes nombres à partir des mesures relatives au rayonnement des corps noirs, selon des théories qu’ont édifiées Planck et Lorentz. Je vous dirai seulement quelques mots de la marche relativement simple suivie par Lorentz.

Vous savez que la théorie cinétique des métaux a pour hypothèse