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MOUVEMENT BROWNIEN ET MOLÉCULES

pratiquement égaux aux nombres

100,       46,       23,      11,1,

qui décroissent de façon exponentielle.

Ainsi la distribution des grains a bien la même forme que celle d’un gaz pesant en équilibre.

J’ai retrouvé la même loi exponentielle, avec une chute de concentration plus ou moins rapide, pour des grains de gomme-gutte de diverses tailles ; puis, sur l’insistance amicale et avec l’aide de M. Dabrowski, j’ai refait les mesures pour des grains de mastic, dont la densité apparente est plus que 3 fois plus faible, ce qui fait un changement considérable dans les causes qui influent sur la répartition. Néanmoins la loi exponentielle a encore été retrouvée.

Voici la projection de dessins qui reproduisent des coupes équidistantes, les unes à 10 µ d’intervalle dans une émulsion de gomme-gutte (grains de 0µ,6), les autres à 12 μ d’intervalle dans une émulsion de mastic (grains de 1 μ), la raréfaction progressive y est évidente. Cette raréfaction est frappante quand, gardant les yeux fixés sur la préparation, on soulève rapidement le microscope au moyen de sa vis micrométrique. On voit alors les grains se raréfier rapidement, comme fait l’atmosphère autour d’un aérostat qui s’élève, à cette réserve que quelques microns dans l’émulsion valent plusieurs kilomètres dans l’atmosphère.

La loi exponentielle une fois établie, l’équation de répartition donnera, pour chaque émulsion, une valeur définie de l’énergie granulaire Si notre théorie est exacte, cette valeur sera indépendante de l’émulsion, et égale à l’énergie moléculaire moyenne Ou, ce qui revient au même, l’expression sera égale à la constante d’Avogadro, c’est-à-dire peu différente du nombre 62.1022 obtenu par le raisonnement de Van der Waals.

C’est ce que j’ai constaté. Six séries d’expériences, faites avec la gomme-gutte ou le mastic, où j’ai fait varier de 1 à 40 la masse des grains, m’ont donné pour des nombres compris entre 65.1022 et 75.1022. L’écart moyen avec le nombre de Van der Waals n’atteint pas 15 p. 100, et il s’en faut que ce nombre comporte cette précision.

Je ne pense pas que cette concordance puisse laisser de doute sur l’origine du mouvement brownien. Pour comprendre à quel point elle est frappante, il faut songer qu’avant expérience on n’eût cer-