Page:Journal de physique théorique et appliquée, tome 9, année 1910.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
PERRIN

dans les mêmes conditions de température et de pression. Ces deux masses, ayant même rapport que les molécules des deux sortes, contiennent donc l’une et l’autre autant de molécules. Ce résultat se généralise pour les divers gaz, en sorte que nous retrouvons, de façon expérimentale, l’hypothèse célèbre énoncée par Avogadro, il y a environ un siècle, et reprise un peu plus tard par Ampère :

« Deux gaz quelconques, pris aux mêmes conditions de température et de pression, contiennent sous le même volume le même nombre de molécules. »

On appelle molécule-gramme d’un corps la masse de ce corps qui, à l’état gazeux, occupe le même volume que 2 grammes d’hydrogène à la même température et à la même pression. L’énoncé d’Avogadro équivaut alors au suivant :

Deux molécules-gramme quelconques contiennent le même nombre de molécules.

Ce nombre invariable est une constante universelle qu’il me semble juste d’appeler Constante d’Avogadro. Si on la connaissait, on connaîtrait les masses d’une molécule quelconque et d’un atome quelconque. Le poids de la molécule d’eau, par exemple, est celui de la molécule d’oxygène est et ainsi de suite ; de même, le poids de l’atome d’oxygène, obtenu en divisant par l’atome-gramme d’oxygène est celui de l’atome d’hydrogène est et ainsi de suite.

5. Il est, de plus, aisé de voir qu’une détermination de la constante d’Avogadro nous donnerait l’énergie cinétique moyenne de translation des diverses molécules. Détaillons ce point important.

Si chaque fluide est formé de molécules égales en régime permanent de mouvement, la pression qu’il exerce sur les parois qui l’enferment s’explique par les chocs de ses molécules contre ces parois, et, dans le cas des gaz (molécules très éloignées les unes des autres), on peut, grâce à des raisonnements dus à Joule, Clausius et Maxwell, montrer que cette conception entraîne la relation précise

désigne la pression que molécules d’énergie cinétique moyenne développent dans le volume