Page:Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et des arts, Tome 49, 1799.djvu/434

Cette page a été validée par deux contributeurs.
408
JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

pénétré, ne lui donnent point pour cela la faculté de traverser, dans cette circonstance, les milieux qu’il ne pouvoit traverser dans l’état de repos : on ne pourroit assurément supposer qu’il ait alors cette faculté. Or, si une simple membrane l’arrête, à plus forte raison sera-t-il arrêté par l’inertie et l’incompressibilité propre de l’eau, par l’enveloppe osseuse qui constitue le crâne des poissons, par le tissu serré et solide du bois, etc., etc., tandis que la matière subtile et vigoureusement élastique, qui se trouve répandue par-tout, et conséquemment dans le sein de l’air, et qui en constitue presque tout le ressort, ne s’arrête point à ces obstacles ; elle passe outre, sait traverser différens milieux, et arriver jusqu’à l’organe essentiel de notre ouïe, avec l’agitation qu’elle a pu recevoir du choc ou des vibrations des corps.

Cette matière subtile peut seulement, comme je l’ai déjà dit, subir divers degrés d’affoiblissement dans la force de ses mouvemens, soit lorsqu’elle change de milieu dans la transmission de ses frémissemens, soit lorsque de grands déplacemens de l’air, au travers duquel elle se meut, viennent à altérer la force et la direction des mouvemens qu’elle propage.

Maintenant, considérant que le fluide subtil dont je viens de parler, existe indubitablement, puisque tous les faits relatifs à l’acoustique attestent la nécessité de son existence ; considérant ensuite que le feu éthéré, qu’une multitude d’autres faits bien constatés, m’ont fait reconnoître dans la nature (Mém. de Phys. et d’Hist. nat. p. 135, etc.), existe pareillement et de la même manière. Enfin, considérant que ce feu éthéré est, comme la matière même du son, un fluide invisible, subtil, excessivement élastique, d’une rarité extrême, pénétrant facilement les masses de tous les corps, et conséquemment répandu par-tout dans notre globe (Mém. de Phys. etc. p. 136, nos. 146 et 147), je suis forcé de reconnoître que le feu éthéré dont il s’agit, et la matière propre du son et du bruit, sont une seule et même matière.

Ce n’est assurément point par hypothèse ni par aucune supposition vague et gratuite, que j’ai établi l’existence du feu éthéré, et auquel j’ai assigné, d’après l’examen des faits, les qualités essentielles qui lui appartiennent. J’ai acquis et publié à cet égard, des preuves suffisantes pour convaincre ceux qui n’aiment que des connoissances exactes, et j’ose dire que ces preuves sont telles que je n’ai pas à craindre qu’on entreprenne de les contester publiquement.

J’ai été conduit à découvrir l’existence du feu éthéré, en suivant