Page:Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et des arts, Tome 49, 1799.djvu/433

Cette page a été validée par deux contributeurs.
407
ET D’HISTOIRE NATURELLE.

Ainsi, l’air n’a point par lui-même le ressort dont il paroît jouir ; ce fluide composé, grossier, malgré son extrême transparence, est incapable d’avoir, par sa propre nature, un pareil ressort. Il doit donc celui qu’on lui observe au fluide subtil dont il se trouve pénétré ; fluide qui paroit être aussi la source du ressort de tous les autres fluides élastiques, et qui met l’air lui-même dans le cas d’étendre, avec une vîtesse égale à celle de la propagation du son, les vibrations ou frémissemens qu’il en peut recevoir.

L’air ressemble en cela aux autres matières composées gazeuses, qui ne doivent leur état de gaz et la totalité de leur ressort, qu’à un fluide subtil et éminemment élastique qui les pénètre, c’est-à-dire, qui se trouve répandu dans leur masse sans y être combiné (le calorique).

L’effet du ressort que l’air reçoit du fluide élastique continuellement répandu dans sa masse, a pu être observé, calculé, et très-bien déterminé par les géomètres, et ensuite le résultat du calcul de cet effet a pu s’accorder parfaitement avec la vîtesse bien connue[1] de la propagation du son ; ce dont je ne doute nullement : mais je dis que cette considération n’intéresse aucunement la proposition que j’entreprends d’établir dans ce Mémoire.

En effet, la proposition dont il s’agit, se réduit à avancer que l’air commun n’est point la matière propre du son, mais que c’est uniquement le fluide subtil et essentiellement élastique, répandu dans la masse de ce composé gazeux, qui constitue cette matière ; puisque ce même fluide subtil a la faculté de propager, sans obstacle, à travers des milieux plus denses que lui, les frémissemens que lui causent les vibrations des corps sonores, et de pénétrer, dans cet état d’agitation, jusqu’à l’expansion pulpeuse de notre nerf auditif ; ce qui produit en nous la sensation du son.

L’établissement de cette proposition ne contredit donc aucune vérité mathématique, comme on me l’a objecté lorsque j’ai eu commencé la lecture de mon Mémoire, et ne pouvoit me mériter tout ce que j’ai eu à essuyer dans cette circonstance.

La preuve, enfin, que l’air commun n’est point la matière même du son, c’est que les vibrations que cet air peut recevoir des corps sonores, à la faveur du fluide élastique dont il est toujours

Ggg2
  1. On sait, d’une manière certaine, que le bruit ou le son qui se propage à travers l’air commun, parcourt environ 334 mètres (173 toises) par seconde.