Page:Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et des arts, Tome 49, 1799.djvu/432

Cette page a été validée par deux contributeurs.
406
JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

ouïe ; que la matière du son, avant d’arriver à leur nerf auditif, trouve dans la forme de leur conduit auditif externe, lequel souvent est augmenté d’un pavillon qu’on nomme oreille extérieure, et trouve ensuite dans celle de leur conduit auditif interne, qu’on nomme labyrinthe, l’occasion d’accroître la force de ses ébranlemens par des réflexions ou répercussions nombreuses, qui se multiplient avec le rétrécissement des canaux qui reçoivent cette matière.

Ce que nous venons de remarquer ici en grand, sur le pouvoir des répercussions de la matière du son dans ses ébranlemens, et sur les effets de la multiplication de ces répercussions, nous indique assez maintenant pourquoi la matière du son propage avec plus de facilité ses ébranlemens à travers des milieux denses et même solides, qu’à travers ceux qui sont mous et rares.

La réunion de ces faits et de toutes les observations que je viens de présenter, prouve que l’air commun, qui est un fluide gazeux, grossier, mou, incapable de pénétrer la substance ou les masses d’un grand nombre de corps, ne peut être lui-même la matière qui forme et propage le bruit ou le son.

Cette réunion de faits prouve ensuite, qu’outre l’air commun qui nous environne, il existe dans sa masse et dans celle de tous les corps un autre fluide invisible, singulièrement élastique, très-subtil, d’une rarité extrême ; présent dans toutes les parties de notre globe, et par conséquent dans son atmosphère, jusqu’à une hauteur que je crois limitée. Elle prouve, enfin, que ce fluide subtil qui, sans doute, est la cause de la force du ressort que nous observons dans l’air commun, est susceptible d’être mû par le choc et les vibrations des corps, et qu’il propage ses ébranlemens à travers différens milieux, avec une facilité et une intensité d’autant plus grandes, que ces milieux ont plus de densité.

L’air commun n’est donc à la matière du son, qui propage à travers sa masse les ébranlemens ou les frémissemens qu’elle reçoit du corps sonore vibrant, qu’un milieu qui facilite le maintien des frémissemens de cette matière subtile. Peut-être que l’air lui-même, qui est par-tout pénétré ou rempli du fluide subtil, dont il est question, et qui en reçoit la très-grande partie de son ressort, participe aussi du même frémissement ? Cela est très-possible. Mais le composé gazeux qu’on nomme air commun, est trop grossier, trop mou, et sur-tout trop peu pénétrant, pour propager ses frémissemens à travers des milieux plus denses que lui. C’est je crois ce qu’on ne sauroit contester ; tandis que les faits déjà cités suffisent pour nous convaincre que la matière qui propage le son jouit pleinement de cette faculté.