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ET D’HISTOIRE NATURELLE.

laisse, ce me semble, sur cela aucun doute. Si le son ne pouvoit se transmettre que par l’air, pourquoi l’entendroit-on lorsque le corps sonore, enfermé par le verre et par le plomb, se trouve plongé dans un vase plein d’eau ? N’est-on pas forcé de reconnoître que le son se communique du réveil (ou timbre) à l’air qui l’environne, de l’air au récipient (la cloche de verre), du récipient à l’eau, et de l’eau à l’air extérieur ? » Ibid.

Nollet étoit trop instruit pour ne pas être convaincu que toutes les vibrations possibles de l’air enfermé sous la cloche de verre, comme dans sa quatrième expérience (Leçons de Phys. vol. 3, pag. 414), ne pouvoient pas communiquer leur mouvement à l’air extérieur, puisque le premier se trouvoit séparé de celui-ci, d’abord par le verre du récipient, que l’air qui y étoit enfermé, ne sauroit traverser, et ensuite par l’eau qui entouroit de tous côtés ce récipient, autre milieu qu’il falloit encore traverser pour arriver à l’air extérieur avec ses mouvemens de vibrations.

Si, dans le vide, le son paroît affoibli et presque nul, cela n’arrive pas ainsi, parce que la matière propre du son y manque ou s’y trouve trop raréfiée, ce qu’on a cru jusqu’à présent ; mais c’est que cette matière du son n’y trouve point de milieu propre à aider la propagation de ses ébranlemens, en servant d’appui à ses répercussions multipliées.

L’effet de l’élasticité du fluide subtil qui, par ses ébranlemens, forme le bruit ou le son, va en augmentant à mesure que ce fluide ébranlé traverse des milieux plus denses, parce que ces milieux lui donnent latéralement des points d’appui et de répercussion d’autant plus solides. Or, il est évident que ce même effet doit diminuer proportionnellement lorsque le fluide élastique, qui forme le bruit ou le son, ne traverse que des milieux mous et rares, et qu’il doit presqu’entièrement s’anéantir, lorsque ce même fluide, mû par des chocs ou des vibrations de corps sonores, se trouve isolé ou dans le vide. (Mém. no. 157).

Si le principe que j’ai établi plus haut est fondé, savoir, que le son ou le bruit se propage avec une intensité et une force qui sont en raison directe des chocs ou des vibrations des corps, et à-la-fois de la densité des milieux à travers lesquels la matière qui le forme propage ses ébranlemens, on ne sera plus étonné de remarquer,

1o. Que dans le vide, l’effet des ébranlemens de la matière du bruit ou du son soit presque anéanti ;

2o. Que dans l’air, le même effet soit alors perceptible, mais avec une certaine lenteur et foiblesse ;