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ET D’HISTOIRE NATURELLE.

le soulèvement des toîts, etc. Celles que l’on croit pouvoir se faire par ondulations circulaires, concentriques et croissantes ou par des espèces de vibrations, devroient ébranler proportionnellement les corps légers, tels que le feuillage des arbres, etc. etc. Mais aucune de ces sortes d’agitations ne doit pouvoir casser des vitres sans forcer les fenêtres, rompre des glaces dans l’intérieur des habitations, comme cela est arrivé à plusieurs de celles qui ferment les armoires des galeries du Museum, fendre des plafonds, et arracher des pitons de fer, dans le moment même l’air très-calme, ne parut pas même faire branler ou voltiger le feuillage des arbres. C’est cependant ce qui est arrivé à la suite de l’explosion de la poudrerie de Grenelle. — Recherch., vol. 2, page 401.

L’observation des faits m’a forcé de reconnoître et d’établir en principe, que le son ou le bruit se propage avec une intensité ou une force qui est en raison directe du choc ou des vibrations des corps, et à-la-fois de la densité des milieux, à travers lesquels la matière qui le forme propage ses ébranlemens.

Le bruit ou le son se propage dans l’air commun d’une manière connue de tout le monde, et avec cette seule variation qu’il s’étend plus au loin, et s’entend plus fortement dans un air dense que dans un air raréfié. Aussi le bruit ou le son s’entend mieux le soir ou la nuit que dans le jour ; dans un bois que dans une plaine nue ; dans l’air qui domine les eaux que dans celui qui couvre des terrains arides. Mais dans tous ces cas, la propagation du bruit ou du son à travers l’air, est toujours plus lente et moins forte qu’à travers les autres milieux plus denses.

Diverses observations attestent que le son ou le bruit se propage sous l’eau, c’est-à-dire, dans la masse de ce liquide, bien plus fortement qu’à travers l’air[1] : on y entend même, quoique plus foiblement, les sons qui y arrivent à travers l’air qui la domine[2].

La nature a donné aux animaux qui vivent dans l’air, un conduit auditif externe, pour augmenter en eux les moyens

  1. C’est un fait prouvé que les bruits qui se font sous l’eau sont si formidables et si terribles, qu’au rapport de l’abbé Nollet, un plongeur qui étoit descendu au fond de la mer, par le moyen d’une cloche, eut à peine commencé de sonner du cor qu’il pensa s’évanouir. (Problème d’Acoustique, introduct. pag. xxvj. Tentamen de vi soni et musices in corpus humanum, par Roger, médecin de Montpellier. §. 98.)
  2. « J’ai eu la curiosité, dit Nollet (Leçons de Phys., vol. 3, pag. 420), de me plonger exprès, à différentes profondeurs, dans une eau tranquille, et j’y ai entendu très-distinctement toutes sortes de sons, jusqu’aux articulations de la voix humaine. »