Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
journal de marie lenéru

Mais au moins, si vous leur faites tout mépriser, c’est, enfin, avec quelque chose ? Pas du tout ; car elles méprisent aussi, ou méconnaissent plutôt, l’expression parfaite de leur propre idéal : la vie religieuse. Ô Jésus ! Fils unique, égal au Père qui, avec l’Esprit consolateur, régnez aux siècles des siècles !


Jeudi 2 février.

Je ne sais pas pourquoi, je n’avais pas encore lu Marie Bashkirtseff ; je l’aime, bien que nous soyons différentes. D’abord, mon originalité à moi est une catastrophe.

Elle s’est toujours orientée vers « la gloire ».

Moi, je croyais faire une mauvaise affaire avec la sainteté ; mais je n’y n’allais pas plus mollement. J’ai été janséniste jusqu’à manger des abricots sur une dent malade, ne pouvant ostensiblement refuser de tous les desserts.

Une gloire d’artiste m’aurait toujours semblé misérable. Même aujourd’hui, je souhaiterais la notoriété plutôt pour d’illustres sympathies que pour la renommée.

On trouve que physiquement Marie Bashkirtseff me ressemble. Peut-être, les mêmes joues pleines et le même regard mouvementé.