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ANNÉE 1918

Lorient, mai 1918.

À Mme  Duclaux. — Pour qui votre Victor Hugo ? Je vous plains d’être obligée de relire tout son fatras. Les grands poètes eux-mêmes ne sont faits que pour de grands instants. C’est un écueil que la continuité, la longévité du lyrisme. Les plus beaux héritages poétiques sont ceux des poètes de quelques volumes : Shelley, Vigny, Mary Robinson.

À Marie-Aimée. — On me chicane Claude comme on m’a chicané Philippe Alquier. On n’aime jamais la supériorité dans la nuance exacte où on la souhaite. On n’aime, au fond, que la supériorité qu’on méprise.

Oh ! la critique, vous avez parfaitement raison, un critique n’a jamais prouvé que lui-même. Quant à la sensibilité, ne vous laissez pas impressionner. Les jeunes m’ont admirablement vengée, à cet égard.

Croyez qu’en matière de sensibilité j’ai, moi aussi.