Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XXXV
PRÉFACE

décrire un de mes sentiments qu’il a encore avivé c’est-à-dire que j’aime la douleur ; j’en souffre et c’est justement pour cela que je l’aime car on ne souffre que lorsqu’on aime, et on n’est quelque chose qu’en aimant, et les souvenirs tristes me sont aussi chers, même plus, que les souvenirs joyeux.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ô Fernande, ô maman, si vous me lisez pour me trouver un ami et un guide qui ressemble à Albert de la Ferronnays. C’est drôle, mais je meurs de frayeur d’être aveugle sur mon mari !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’aime mieux ne pas m’appesantir sur la rapidité du temps, cela porte à la mélancolie ; je l’aime, assez chez les autres, mais pas chez moi.

J’ai bien hâte de recevoir mes livres d’études ; mon esprit s’endort un peu. Pendant le mois que j’ai passé à Montpellier, il allait si bien ! Je n’ai pas le droit de laisser baisser mon intelligence.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hier je me suis endormie tard, mais c’est que j’ai médité de la musique et que cela m’exalte et que je ne peux plus dormir. Autrefois dans mon lit je me faisais jouer des histoires, maintenant, je me chante en dedans mes airs préférés et je crois que cela me donne un peu de fièvre, mais cela m’est égal, c’est si agréable ! Voici surtout ceux que je médite :