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ANNÉE 1916

L’opinion publique, quel vain mot, tant qu’il n’y aura que des opinions individuelles pour l’interpréter !

À Puech. — Je ne me console pas de ce que vous me dites de l’existence de là-bas, mais il faut au contraire me dire le pire. C’est notre devoir de souffrir de loin avec vous, on souffre comme on peut ! Il n’y a pas un degré de quiétude ou d’accommodement avec la guerre qui ne doive être poursuivi sans pitié, par le rappel de tant de choses impardonnables. Vraiment l’horreur n’est qu’un si léger frisson de surface ! Sans cela pourrait-on vivre ? Et l’on vit pourtant, à trop peu de choses près.


16 juillet 1916.

À Marie B… — Oui, il faut la victoire pour sortir proprement de cette guerre. Mais à part le rétablissement belge et serbe, le retour de l’Alsace-Lorraine, et autres choses analogues, je me désintéresse de toutes les conditions de paix, dites « garanties de paix » lesquelles me paraissent tout aussi bien des garanties de guerre : Ce n’est jamais d’une paix que peut sortir la paix. Il n’y a pas de victoire qui la donne. Elle relève de toute autre préparation pour laquelle les diplomates n’ont jamais fait leurs