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XXX
PRÉFACE

tellement rapprochée d’eux que je les aimais beaucoup et m’intéressais à eux bien plus qu’avant… »

Après un long silence, elle écrit, le 14 avril 1889, ces lignes dans lesquelles apparaît une première menace de la catastrophe :

« Dimanche des Rameaux. — Je ne suis point allée à la messe aujourd’hui, d’ailleurs voilà bien des dimanches que je n’y suis allée, parce que, ce que mon journal ne sait pas encore, c’est que mon rhume d’oreille commencé à la Grande Rivière a beaucoup augmenté et que maintenant je n’entends plus rien, aussi vais-je retourner à Paris consulter M. Boucheron (c’est le nom de mon auriste) pour la 3e fois : de plus je viens d’avoir une petite maladie de la cornée, qui n’est pas encore tout à fait guérie et qui m’a rendu l’œil très sensible et m’a longtemps empêché de lire (je ne lis encore que très modérément) j’ai encore un gros rhume, un peu de névralgie (j’y suis sujette). Depuis un rhumatisme au genoux gauche, ils sont très raides, et je ne marche pas droit, je ne peux pas sortir sans donner le bras. Mes oreilles m’ennuient encore avec de gros bourdonnements. J’ai expliqué tout cela, quoique le journal soit plutôt un journal de l’âme, parce que je comprendrai mieux les dispositions dans lesquelles je suis. Aujourd’hui je suis d’assez mauvaise humeur (mais je crois que c’est en train de passer) je ne peux