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ANNÉE 1912

traduit ce qu’il vient de dire, il n’aime pas « La Triomphatrice ! » : « Il ne faut à aucun prix qu’elle donne cela, même pour elle. Le sujet est dangereux, scabreux ». Il se passionne si amicalement. Il n’admet pas l’émotion de Sorrèze devant l’article d’un jeune homme. J’ai fait valoir qu’il s’agissait d’une défection de disciple : « Si Tharaud écrivait un article contre Barrès, Barrès devrait en souffrir. Et si moi, j’écrivais des blasphèmes contre vous, cela vous serait donc indifférent ? »

Il riait : « Avez-vous lu mon article sur Binet-Valmer ? » — Oui, et si je ne m’étais pas dit qu’il vous l’avait sûrement demandé, j’aurais été assez jalouse.

— Alors vous avez vu comme je suis sévère pour les manuscrits ?

— Vous avez fait pleurer Binet-Valmer et vous ne serez content que quand vous aurez recommencé…

« Je crois maintenant, puisque vous voulez bien me provoquer à quelque profession de foi, qu’il ne faut pas considérer le théâtre d’idées comme une chose à part, il est vraiment honteux qu’on en soit venu à le faire. Il y a le théâtre intelligent par opposition au théâtre bête. Les « idées » ce n’est qu’une manière d’éclaircir le fond de tout ce qui n’est pas elles. Nos motifs profonds d’agir et de sentir qu’on appelle