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XXVIII
PRÉFACE

cheval et que j’ai une amazone, puis en racontant un tas de choses sur Pierre Loti[1] et sur son dîner, j’ai dit qu’il m’avait promis de me dédier un livre, que son fils était déguisé en ménestrel, (je ne sais seulement pas ce que c’est) puis j’ai eu l’air de connaître une certaine dame de Gif dont je n’ai vu le non que dans l’Illustration et enfin bien d’autres choses. Je n’ai dit que ce qui me coûtait le plus, mais j’en ai dit bien d’autres. Mon Dieu ! que c’est donc laid de mentir, mais c’est que c’est très difficile de dire la vérité, même dans son journal. »

Elle ne se tracasse cependant pas outre mesure, ainsi que le démontre ce passage :

« … J’ai le grand malheur d’avoir une conscience scrupuleuse qui voit des péchés où je suis certaine qu’il n’y en a pas mais j’aime mieux les dire tout de même. »

Cette conscience ultra-scrupuleuse se dévoile une fois de plus dans les lignes qui suivent et nous montre en même temps combien une âme, aussi glorieuse d’un succès de jeu, devra plus tard se tendre vers la gloire :

« … nous sommes allées toutes les quatre jouer au tonneau, et c’est moi qui ai gagné, mais je n’était pas bien contente parce que je trouve que c’est trop

  1. Il était en relation avec la famille Lenéru.