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XXV
PRÉFACE

du martyr, mes plus grand vœux seraient exaucées… »

Cependant le bon sens maternel la plonge dans une grande perplexité, à en juger par le passage suivant :

« Maman a lu mon journal de jeudi je l’ai bien regretté parce qu’elle s’est moqué de moi, pourtant je n’ai pas du tout changé d’avis pour la question des ordres, mais j’ai complètement changé sur ma façon d’envisager la religion, tandis qu’avant me fiant à un peu de mérites pour gagner le Ciel, m’appuyant sur la grande miséricorde de Dieu, il me semblait qu’il était absolument impossible d’aller en enfer, maintenant j’ai compris qu’il fallait travailler, travailler et persévérer qu’il ne fallait pas se contenter du bien qu’il fallait mieux rechercher le mieux. Maman me disait l’autre jour que les femmes mariées avaient bien plus de mérites que les religieuses, je ne comprend pas cela ! Comment, voilà des filles qui quittent leurs parents, leurs amis, tout ce qu’elles ont aimés, qui renoncent aux plaisirs, qui ne mènent qu’une vie de travail, qui font des chrétiens[1] dans tous les pays, qui travaillent sans relâche pour la gloire de Dieu au péril même de leur vie ! Je ne peux pas comprendre qu’une femme qui à son foyer, qui reste chez elle, se repose, si ses enfants lui donnent de la peine à élever elle en jouit plus tard ! non je ne peux pas comprendre

  1. Les femmes mariées aussi. (F. C)