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ANNÉE 1903

ne le trouve plus. D’ailleurs pas davantage ce qui conviendrait à moi seule.

Et je souhaite plus que jamais « traire les gens ». Il est incroyable comme les millions deviennent nécessaires à ma vie intérieure.

Je n’ai de goût au fond que pour la vie et la mort. Écrire des vies : Saint-Just, Talleyrand, Vauvenargues, sainte Thérèse.

Qu’elle mène « une vie tranquille de loisir et pas de distraction ». Ils appellent cela « des journées paisibles ! »

Toujours la bonté et l’intelligence. Il disait : « ceux qui sont bons se laissent toujours manger ». Moi, très péremptoire : « ce n’est pas parce qu’ils sont bons, mais parce qu’ils sont mangeables ! »

La lumière change, elle s’épure et dans la maison elle entre déjà comme pendant l’hiver. Elle fait du jour une longue matinée aux heures favorables à tout l’être, corps et âme, ainsi que l’entendait Malherbe « il n’y a de bon que la matinée ». La mer et les nuages sont glacés de blanc, d’un blanc de pôle ; c’est une fraîcheur de neige, un bleu de glacier. Il n’y a de bon que l’automne.

De la tête de mort qu’A.-D. de V… disait pouvoir regarder, mais ne pas toucher.

Moi, toucher, manier, embrasser, tout ce qu’on