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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

comme une chose accomplie, le destin fini, l’espace vide autour de la robe et grand ouvert sur les étendues de la mort.

Déjà chez Mme  L…, dans la fébrilité des mouvements, l’instabilité de son repos, elle ne tenait pas assise, j’avais déjà ressenti ce désœuvrement du départ, ce déblaiement, ce grand rangement des événements et cette disponibilité de la vieillesse. On la sentait libre et seule, impossible à suivre, avec, dans la chambre, du désert autour d’elle, et précieuse comme les choses mesurées.

J’ai instinctivement ce regard au loin, ces vies qui persistent m’agrandissent l’horizon. Cinquante, soixante ans, m’apparaissent la plénitude, comme si j avais l’intuition que ma vie véritable est par là.

Les déclins orgueilleux m’intéressent plus que les âges trop aimés, trop rengaines, les âges populaires.

Dans l’Illustration, l’admirable geste du cardinal Rampolla tendant passionnément son vote à l’autel de la Sixtine, résiliant son orgueil de Sicilien tragique et de pape impossible.


20 août.

Rusbroech l’admirable, la mystique et la théosophie, spiritisme, etc…, pour moi une conférence de Lacordaire, un syllogisme de Pascal, une exposition